A propos de la limite d’âge pour être candidat au concours CR2,

quelques réflexions (qui n’engagent que leur auteur)

Jean-Claude Vial

Président de la Section 14

 

Je ne reviens pas sur la nature du problème [le décret n° 83-1260 du 30 décembre 1983 modifié (article 15), que le CNRS interprète subitement en novembre de la même façon que les autres EPST ; les raisons avancées par le CNRS pour la mise en œuvre brutale de cette interprétation, etc…) car ceci est bien connu.

Je m’en tiendrai a une analyse de ce qui m’a paru et me paraît possible de faire pour réparer l’injustice imposée aux candidats concernés par une véritable rupture de contrat  de la part du CNRS.

Quand la DG a convoqué les bureaux des sections le 4 janvier 2002 pour les informer de la situation, nous étions encore dans la période de dépôt des dossiers des candidats et il a été envisagé plusieurs possibilités :

Procéder comme avant, c’est à dire, pour les sections, travailler sur l’ancienne interprétation du décret, en attendant (ou non) de

Demander une modification du décret par le Conseil d’Etat. Cette dernière modification prenant –si elle était acceptée- plusieurs mois, se posait la question des concours 2002, ouvrant la porte à des recours si l’interprétation précédente était maintenue. [Une alternative de report des concours en attendant le Conseil d’Etat n’a pas paru raisonnable à la Direction et à la majorité des sections représentées] .

 

Dans ces conditions, la proposition de la DG de mettre en place une solution de secours pour " les " CR2-31+ , immédiatement lésés, nous a paru raisonnable.

Elle implique qu’on garde à l’avenir l ‘interprétation " CR2-31-"  c’est à dire 31 ans " sharp "    (j’y reviens ci-dessous)

Elle implique un engagement fort à l’égard des jeunes ainsi " prolongés ".

 

Deux questions : 1/ Pour qui, cette solution CDD ?

2/ Nature exacte de l’engagement ?

Q1 : le CNRS proposerait 80 à 100 CDD, nombre de l’ordre de grandeur des candidats CR2-31+ recrutés en 2001. Il semble maintenant que le CNRS veuille limiter les CDD aux candidats CR2-31+ ayant un déposé un dossier CR2 et ceux-là uniquement. Compte-tenu de la brutalité de la décision du CNRS et des incertitudes qui ont pesé sur la recevabilité des dossiers, tous les CR2-31+, la plupart lointains, n’ont pas candidaté dans la catégorie CR2 ; les exclure serait inacceptable.

Se pose également la question de la mise en place de ces CDD : affectations par département, par section, … : qui, et sur quels critères, décide du nombre de CDD ?

Il est question que ce soit la Conférence des Présidents qui participe à cette décision.

Pour notre section, on peut, en utilisant les chiffres des derniers concours, obtenir 2 possibilités. Les obtenir est une chose, les utiliser en est une autre : que conseiller par exemple à un(e) candidat(e) ayant le choix entre un post-doc intéressant à l’étranger (et il n’y a pas trop de problèmes pour en trouver en Astro) et un de ces CDD ?

Intervient ici la deuxième question :

Q2 : s’agit-il d’un pré-recrutement ou, comme l’a écrit le CNRS, s’agit-il seulement d’offrir " … aux personnes qui le souhaitent une possibilité d’étoffer leur dossier scientifique " ? Tout va dépendre ici du nombre supplémentaire de postes CR1 mis en place dans les prochaines années.

On entend dire que ce nombre (inconnu) sera pris sur le nombre total de postes CR. Ceci est absurde et inacceptable.

Absurde : la diminution du nombre de postes CR2 va à l’encontre de la politique de rajeunissement clamée un peu partout.

Inacceptable pour les CR2 candidatant ces années-là et privés d’un ou 2 postes, évidemment.

 

Pas d’autre solution donc qu ‘une augmentation du nombre de postes CR1 dédiée à la résolution d’un problème dans lequel ni les candidats, ni les commissions ne sont en quoi que ce soit impliqués.

 

Je disais que l’application nouvelle de l’interprétation " CR2-31-"  du décret me paraissait acquise. Je m’explique.

Tout le monde s’accorde pour dire que l’âge moyen des recrutements au CNRS, y compris au niveau CR2, est trop élevé : 30 ans. Ce chiffre moyen, cache, à vrai dire, une grande disparité entre commissions et départements scientifiques : les recrutements sont plus tardifs dans les sciences de l’homme, par exemple, et plus précoces dans des sections comme la 02 (6 mois à un an après la thèse mais avec affectation dans un labo différent du labo de thèse, ce qu’on peut considérer comme un passage post-doc, mais sur poste permanent !).

A noter que la section 14 est strictement dans la moyenne et que les commissions précédentes et la présente ont certainement eu à tenir compte de l’énorme pression au recrutement d’une part et de l’intérêt qu’il y a à évaluer les capacités d’autonomie et d’adaptation des candidats grâce à un passage post-doc, d’autre part.

La situation présente n’est pas pour autant satisfaisante, ni pour les laboratoires (privés de forces jeunes), ni pour les chercheurs recrutés (notamment pour leur carrière, même après reconstitution).

Mais une évolution vers un recrutement plus précoce, nécessitera(it) des mesures d’accompagnement sur un ou deux ans, afin de ne léser personne.

 

Le débat sur les conditions optimales de recrutement est donc complexe mais nécessaire ; il nous concerne tous, thésards, chercheurs statutaires, …

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